TEST de Metroid Prime sur Gamecube

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TEST de Metroid Prime sur Gamecube

2003. Après presque dix ans de silence radio, la série Metroid opère son retour en fanfare sur Gamecube. Le dernier épisode en date, Super Metroid, avait été unanimement salué par les joueurs pour son gameplay, ses graphismes, sa musique et son ambiance claustrophobe. Mais dès les premiers visuels de Metroid Prime, c’est la stupéfaction : le jeu d’exploration en 2D connu et apprécié de tous est devenu un FPS en 3D ! Nombreux sont les fans qui hurlèrent à la trahison ; mais à la sortie du jeu, toutes les critiques se turent. Pourquoi ? Réponse dans ce test.

Le viseur ne comprend malheureusement pas d’essuie-glace

Dès l’introduction de la galette en question dans le cube, un constat s’impose : Metroid Prime est une claque graphique absolument énorme. Sorti en 2003, le jeu surpasse toujours certaines productions actuelles. Que ce soit les effets de lumière liés aux projectiles et aux explosions, les décors d’une beauté et d’une richesse à couper le souffle, les ennemis au design extrêmement inspiré, ou encore l’affichage généré par les viseurs infrarouge et radioscopique, tout est magnifique. De plus, le réalisme est poussé relativement loin : passez à travers un nuage de vapeur, et la visière de Samus se remplira de buée ; déclenchez une explosion à proximité d’elle, vous pourrez apercevoir le reflet de son visage ; approchez-vous d’une source de brouillage électronique, et la vision de Samus se troublera.

Je parlais des ennemis. Tous ont bénéficié d’un soin particulier. Si l’on retrouve des grandes familles de créatures et de machines hostiles, force est de reconnaître que le détail apporté à chacune d’entre elle est énorme. Un coup d’œil suffit pour les reconnaître, et aucun ne semble être une pâle copie d’un opposant déjà rencontré. Mention particulière aux boss, gigantesques et terrifiants, dont la stature colossale et l’aspect monstrueux sauront vous intimider avec maestria.

Les décors sont également très détaillés. Vous serez amené, au cours de votre périple, à traverser plusieurs grandes zones découpées en salles, suivant le level design déjà utilisé dans les opus précédents. Chacune de ces zones est dotée d’une ambiance graphique unique, provoquant une immersion assez incroyable. Que ce soient les Ruines Chozo et leurs vestiges ensablés, ou bien les Monts de Phendrana, des étendues glacées abritant des ruines oubliées, chaque environnement saura vous marquer par son souci du détail et son identité visuelle très marquée.

Enfin, abordons la question des viseurs. Si Super Metroid introduisait le viseur radioscopique, cette mouture Gamecube inclut également un viseur infrarouge permettant de détecter les sources de chaleur. Ces deux viseurs sont l’occasion d’assister à un changement radical de l’affichage, qui ne fait que renforcer l’immersion : si le viseur infrarouge est synonyme de couleurs chaudes et criardes, le viseur radioscopique signifie l’apparition d’un décor noir et blanc du plus bel effet. Le réalisme a ici aussi été poussé à son maximum pour conférer une ambiance graphique inimitable au jeu dans son ensemble.

Alors, avec cette pléthore graphique, on pourrait craindre une animation entachée de ralentissements. Que nenni ! Le jeu tourne constamment à 60 FPS. Certes, il faut parfois attendre entre deux salles (le temps que le jeu charge les éléments graphiques de la salle suivante), mais hormis ce petit détail, l’animation et la vitesse du jeu sont impeccables.

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Pas la peine de vous acharner sur ce cadavre de Pirate de l’Espace.

Let’s do the straff !

En passant à la 3D, la saga Metroid prenait un risque énorme. Le gameplay efficace des précédents opus, basé sur l’exploration et les allers-retours, allait-il pouvoir s’adapter à cette nouvelle dimension ?

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, Metroid est un jeu d’exploration dans lequel on progresse dans différents environnements en détruisant les vagues d’ennemis qui se présentent, afin d’obtenir des armes et équipements supplémentaires qui permettront d’ouvrir de nouveaux chemins auparavant inaccessibles. Le jeu accorde donc une place immense à l’exploration et aux allers-retours entre les différents environnements, tout en incluant des phases de combat et des boss bien souvent difficiles à vaincre.

Dès le début de l’aventure, le pari est remporté. Samus est un véritable plaisir à jouer ; que ce soit les sauts, les tirs, ou la visée, chaque bouton de la manette est parfaitement utilisé et le confort de jeu est optimal. Bien sûr, des changements notables ont dû être opérés du fait du passage à la 3D, et ce jeu réussit parfaitement à concilier l’ancien système de jeu et les multiples innovations.

En effet, même si les habitués retrouveront leurs marques très vite, avec un système d’exploration parfaitement conservé, des Réserves d’Energie et de Missiles dissimulées aux quatre coins du monde, et des upgrades devenus emblématiques de la saga, tels la Combinaison Varia ou le Rayon de Glace pour ne citer que ceux-là, le gameplay a subi beaucoup de profondes modifications. Ainsi, la vue FPS a notamment obligé les développeurs à inclure un système de visée manuelle, contrôlable à l’aide du bouton R. Il est également possible de changer de viseur ou de rayon à tout moment à l’aide de la croix et du stick C, ce qui permet d’accéder à toutes les armes disponibles très aisément.

De plus, le système de lock apparu dans Ocarina of Time est réutilisé à l’identique, avec un résultat excellent. Viser les ennemis et les cribler de tirs n’a jamais été aussi simple et précis, avec une caméra qui se déplace au rythme de l’ennemi afin de ne jamais le perdre de vue ; on note également le retour du système de straff, cette capacité à faire des pas de côté lorsqu’un ennemi est locké afin d’esquiver ses assauts plus aisément.

Mais la plus grosse innovation du jeu est sans conteste le système d’analyse. Un viseur spécial fait son apparition, le Viseur d’Analyse, qui vous permet de répertorier dans votre banque de données tout ce que vous rencontrerez au cours de votre expédition. Ennemis, armes, objets et infrastructures, rapports militaires, textes anciens, la quantité d’éléments à analyser est tout bonnement impressionnante, et contribue à faire de l’univers Metroid Prime un monde à part entière, d’un réalisme et d’une richesse spectaculaire. Pour vous dire à quel point ce système est mis en avant, le nombre d’éléments analysés influera directement sur la fin du jeu !

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Les premières minutes de jeu se déroulent sur la frégate Orphéon.

L’élu complètera sa quête en quinze heures s’il est pressé, voire plus si c’est un maniaque du 100 %

Côté durée de vie, Metroid Prime est plus long que ses prédécesseurs, mais reste relativement court. En effet, il vous faudra une petite quinzaine d’heures pour en voir le bout lors de votre première partie. Cependant, si vous êtes un joueur qui aime tout fouiller dans les moindres recoins, vous pouvez aisément doubler cette durée de vie. Pour obtenir les 49 Réserves de Missiles, les 14 Réserves d’Energie, les 5 Réserves de Bombes, les 4 armes optionnelles et analyser tous les éléments du jeu, il faudra vous armer de patience et être attentif à chaque détail du décor, ces upgrades étant souvent très bien cachés. De plus, certains éléments ne peuvent être analysés qu’à un moment précis du jeu, complexifiant encore la tâche.

Le jeu dans son ensemble n’est pas très difficile, les ennemis n’étant pas très puissants et les points de sauvegarde relativement nombreux. Cependant, les boss pourront constituer un réel challenge, de par leur puissance, leur résistance, et la stratégie très précise qu’il faudra souvent mettre en place pour les terrasser.

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Prenez garde à ces scarabées : leur petite taille ne les rend pas moins dangereux.

Le casque de Samus est cependant fourni avec une prise stéréo

La saga Metroid a souvent été plébiscitée sur le plan musical, les compositions angoissantes entendues se fondant parfaitement dans l’atmosphère « film de couloir » revendiquée par le jeu. Qu’en est-il des pistes de ce premier opus Gamecube ?

Le bilan est vraiment très bon. Les thèmes savent parfaitement retranscrire l’atmosphère de chaque zone. Ambiance silencieuse et oppressante dans les Ruines Chozo, rythme endiablé et percussions avec un remix du thème de Norfair dans les Cavernes du Magmoor, notes cristallines et paisibles à travers les Monts de Phendrana, chaque zone est l’occasion de se plonger dans une ambiance unique instaurée par la musique.

Le jeu compte également des thèmes particuliers pour accompagner les combats contre des ennemis ou des boss. Ceux-ci sont également très réussis, souvent angoissants et nous immergeant au cœur de la bataille avec un talent surprenant.

Les bruitages ne sont pas en reste. Que ce soient les cris des ennemis, le son de vos tirs, le clapotement de l’eau ou le bruissement de la végétation, tout est fait pour tenter de créer une ambiance réaliste, un véritable univers où chaque élément a une place définie et une cohérence. A n’en pas douter, un travail magnifique.

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Prédateur des glaces, le Sheegoth peut vous congeler de son souffle réfrigéré.

Samus sera également une archéologue et une espionne industrielle

Après une cinématique d’introduction rappelant le statut de légende vivante attribué à Samus Aran, le vaisseau de notre chasseuse de primes se pose sur la plateforme d’un vaisseau spatial contrôlé par les Pirates de l’Espace. En s’aventurant dans les méandres de la frégate, l’héroïne rencontre une créature mutante qu’elle élimine, avant de s’échapper du vaisseau qui est sur le point d’exploser. Sur le chemin, elle retrouve un vieil ennemi, Ridley… Ayant parvenu à s’enfuir in extremis, Samus se pose sur la planète où s’est enfui Ridley, Tallon IV. Et c’est ainsi que commence l’aventure…

Le scénario de Metroid Prime est relativement difficile à appréhender. En effet, le jeu ne comporte quasiment aucune cinématique, et aucun dialogue qui pourrait apporter le moindre élément de scénario. Nintendo a osé un pari encore plus fou : laisser au joueur le choix de découvrir ou non le scénario.

En effet, parmi tous les éléments analysables du jeu, deux apportent réellement un intérêt scénaristique : les Ecrits Chozo et les Rapports des Pirates. Les premiers sont des écrits historiques relatant le destin de la civilisation qui peuplait autrefois la planète, les Chozo. Les seconds sont des documents appartenant aux Pirates de l’Espace, dans lesquels leurs expériences génétiques illégales et leurs plans de conquête sont dévoilés. Afin de comprendre les tenants et les aboutissants du scénario, la raison d’être du boss final et l’état de la planète, il faudra analyser un maximum de documents. Ce choix permet au joueur de se sentir encore plus impliqué dans les pérégrinations de Samus, puisqu’il apprendra ces informations à travers ses yeux.

Précisons également que si vous voulez accéder à la vraie fin, qui vous permettra de comprendre des éléments relatifs aux opus suivants, il vous faudra analyser tous les éléments du jeu, ainsi qu’obtenir toutes les améliorations et armes optionnelles.

Mais ce qui frappe avant tout lorsque l’on joue à Metroid Prime, c’est l’ambiance incroyable qui s’en dégage. Super Metroid avait déjà été acclamé pour son ambiance claustrophobe et solitaire incroyablement immersive ; le moins que l’on puisse dire, c’est que cette suite pousse le concept à un niveau jamais atteint auparavant. La 3D adoptée a permis de concevoir des environnements plus grands, ou plus confinés, ce qui renforce l’impression de solitude et d’écrasement que l’on peut ressentir. De plus, cette solitude totale transforme chaque entrée dans une nouvelle salle en un moment d’angoisse : le joueur sait pertinemment que derrière cette porte l’attend peut-être une myriade de créatures hostiles, et qu’il ne peut compter sur personne pour venir à bout des monstres auxquels il fera face. Il s’agit d’un sentiment que l’on ne retrouve que dans peu de jeux, et il convient de saluer cet effort énorme réalisé par Retro Studios.

TEST de Metroid Prime sur Gamecube
L’un des boss du jeu. Son point faible ne sera pas évident à déterminer.

C’est l’heure de rendre les copies !

Graphismes : Metroid Prime est peut-être le plus beau jeu de la console. Avec une pléthore d’éléments de décor, une réelle inspiration en ce qui concerne les ennemis, une modification de l’affichage en fonction des conditions climatiques et des effets visuels impressionnants liés aux viseurs, le jeu ne souffre pourtant d’aucun ralentissement. Une performance magistrale. 

Jouabilité : Reprenant tous les éléments qui ont fait le succès de la saga, tels l’exploration ou l’amélioration de son équipement, le titre a su parfaitement s’adapter au passage à la 3D sans renier l’esprit originel de la série. Samus se laisse contrôler avec une aisance déconcertante, les combats sont de vrais morceaux de bravoure avec un système de lock et de straff parfaitement utilisés, sans oublier le système d’analyse qui ajoute beaucoup à la profondeur du gameplay. Metroid Prime illustre à la perfection ce qu’est un gameplay réussi. 

Durée de vie : Comptez quinze heures pour boucler l’aventure. C’est relativement court, mais la profusion d’objets cachés et d’éléments à analyser peut facilement doubler cette durée de vie si vous êtes un peu curieux. Le jeu est de toute manière tellement immersif et plaisant qu’il est bien possible que vous y reveniez, ne serait-ce que pour vous frotter aux niveaux de difficulté supérieurs…

Bande-son : Un réel travail a été effectué sur chaque composition. Si les thèmes de zone savent capter l’ambiance du moment avec brio, les pistes entendues lors des combats sont endiablées, entêtantes, voire parfois angoissantes. Du côté des bruitages, il n’y a également rien à redire : la diversité et le réalisme de ceux-ci contribuent à l’immersion dans l’atmosphère du jeu. 

Scénario : Très particulier dans son approche, le scénario du jeu ne se révèlera en effet qu’aux joueurs persévérants, qui auront la patience d’explorer chaque zone afin d’analyser un maximum de documents. Le scénario reste en tout cas bien mené, ayant une véritable cohérence et un intérêt certain. On s’attardera davantage sur l’ambiance du titre, tout bonnement époustouflante. Tout est fait pour créer un sentiment exacerbé de solitude et d’angoisse chez le joueur, afin de l’impliquer au maximum dans les aventures de Samus. En définitive, une réussite complète. 

Conclusion : Avec la lourde tâche de succéder à Super Metroid, ainsi que le changement total de gameplay opéré, la série aurait bien pu mourir avec Metroid Prime. Heureusement, Retro Studios a su réaliser un travail colossal, avec des visuels d’une qualité rare, une jouabilité intouchable, une foultitude de secrets à découvrir, une bande-son réussie, une ambiance angoissante de toute beauté et un univers d’une cohérence et d’une intelligence spectaculaires. Probablement l’un des meilleurs titres de ces dix dernières années, Metroid Prime offre à la série un renouveau d’une qualité incomparable. Si vous ne devez posséder qu’un jeu sur Gamecube, c’est certainement celui-ci. 

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