TEST de Heart of darkness, l’odyssée d’un enfant sur PS1

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Aujourd’hui, je vais vous parler d’un jeu à la réputation tenace : arlésienne, difficile, dépassé, Échec…

Stocké de nombreuses années sur une étagère, face aux réticences de nombreux joueurs, je n’avais jamais eu l’entrain de lancer ce jeu malgré une certaine curiosité. Il était important,  pour moi, de raconter mon expérience qui allait chambouler mon a priori sur cette œuvre et ce, sans spoiler.

Juillet 98, une légende vidéo ludique s’apprête à sortir, presque dans l’indifférence générale, après quasiment 6 ans de conception et développement, en pleine coupe du monde de Football en France.

Ce jeu, c’est Heart of darkness. Laissez moi vous parler de cet ovni de la Playstation 1 et du monde du Jeu vidéo.

Un scénario digne d’un film de Spielberg

C’est l’histoire d’Andy, un garçon ordinaire dissipé en classe.  Alors que son professeur réalise un cours sur le système solaire et les éclipses, notre héros se met à dormir sur sa table d’écolier. Son maitre d’école, à l’apparence rustre, s’en aperçoit et le punit au coin dans le noir.  C’est alors que la cloche retentit et qu’Andy s’échappe pour sortir de sa classe.

A sa sortie, il retrouve son fidèle chien, Whisky, et s’en va flâner dans un parc. Lors de cet après-midi de balade, une éclipse solaire se produit entrainant l’obscurité totale et une mystérieuse force obscure s’empara du chien de notre protagoniste.

D’un air téméraire, Andy courra vers son domicile et se mis en quête de retrouver son chien  à bord d’une navette volante, équipé d’un pistolet laser qu’il avait préalablement construit dans sa cabane.

Cette histoire, riche et originale, est l’œuvre d’un duo. D’une part, Eric chahi , reconnu pour la réalisation d’ another world. D’autre part, son acolyte, Frédéric savoir, ancien de Delphine software connu pour son travail sur Flashback et passionné de Cinéma.

Cet univers est avant tout le fruit d’un travail d’une équipe et non une œuvre « de Eric chahi » qui était beaucoup mis en avant lors de la promotion de ce jeu.

Un jeu indépendant à la qualité AAA

Revenons à notre jeu. HOD est un jeu vidéo en 2D savant dosage d’action, réflexion et plateformes.

Vous alternerez entre les phases de « tirs » contre les ennemis, la plateforme pure ou Andy grimpera, sautera sur des murs escarpés. Vous aurez également quelques énigmes à résoudre, énigmes basées sur la découverte de mécanismes pour avancer. Le jeu, linéaire, est découpé en différents plateaux c’est à dire écran par écran ce qui permet de varier les styles de jeux tout en conservant un bon rythme.

Toutefois, je vous avertis en amont qu’il s’agit d’un plate former façon die and retry, sans effusion de sang, ce qui passera par l’apprentissage des patterns des ennemis et des niveaux. Ici, pas de points de santé, de score  ou de nombre de vies ce qui confirme une volonté cinématographique.

Nous sommes vraiment sur un jeu de plate forme classique mais bourré de petites touches innovantes. La difficulté « à l’ancienne » viendra compenser une durée de vie correcte d’une dizaine d’heures à moins pour les plus chevronnés.

Plus que le temps passé, c’est la qualité du gameplay qui ressort in fine. Pour les parents que nous sommes, la durée de vie est excellente car elle vous permet de réaliser des sessions de 20mn pour reprendre le jeu le lendemain avec un système de sauvegarde au  plus juste.

Ombre est lumière

La première chose qui vous marquera dès l’écran titre, c’est la qualité de la bande originale du jeu. Composée par Bruce Broughton, auteur notamment des musiques du dessin animé Bernard & Bianca, les musiques sont magnifiques. Elles viennent ponctuer avec brio les cinématiques et complètent parfaitement le coté « œuvre de cinéma ». Les réalisations de l’orchestre symphonique sont superbement retranscrites sur une ps1 en stéréo.

Dans cette continuité, le reste de la partie sonore est très aboutie. Les personnages sont parfaitement doublés en français avec une VF de qualité qui rendra les différents intervenants terriblement attachants et contraste avec le nombre et la qualité des doublages français de l’époque.

Pendant les niveaux, pas de musique mais davantage des univers sonores en totale adéquation avec les univers rencontrés.

Peinture magique

La 2D, en 1998, était « passée de mode ». HOD a fait l’objet d’un bashing de la presse de l’époque quant à ses graphismes au regard du contexte. En effet, pour se resituer, ce soft est sorti au milieu des spyro, crash bandicoot et resident evil 2 notamment. La 3D était plus clinquante et dans l’ère du temps.

Il n’en demeure pas moins que, rétrospectivement, le jeu a nettement mieux vieilli que bon nombre de ses homologues 3D. Sous ses airs simplistes, la 2D est de toute beauté. La finition de chaque détail est impeccable et la qualité des niveaux est constante. Il est à noté que la version playstation dispose d’une palette de 16 Millions de couleurs la ou, la version pc n’en a que 256, c’est à prendre en considération.

Hearth Of Darkness est également une œuvre à montrer dans toutes les écoles d’animations. Andy s’en prendra plein la gueule et vous aurez le loisir de constater le nombre incalculable d’animations/cinématiques de morts toutes atroces ou hilarantes. La dessus, l’équipe d’AMAZING STUDIO a mis la barre très haute.

A travers vos tribulations, le jeu vous gratifiera de cinématiques de grande qualité, dignes d’une œuvre de Pixar ou vous croiserez des personnages farfelus mais terriblement attachants. Il est à noter que les transitions entre les phases de jeu et les cinématiques s’enchainent avec brio sans aucun temps de chargement ce qui reste une prouesse au regard de la rapidité des lecteur cd de cette période. Petit bonus de l’époque, vous pouvez voir la cinématique de fin en 3D relief grâce à des lunettes anaglyphes (lunettes avec un filtre bleu et rouge). Un soft précurseur.

Apothéose

Vous l’aurez compris, HOD est un jeu vidéo cohérent avec de grands moments épiques, dignes des plus grands films. Malgré ce qu’on pourrait penser, le soft s’est bien vendu pour l’époque mais n’a pas connu le succès d’estime qu’il aurait mérité. C’est un jeu de plateforme 2D qui a très bien vieilli et qui n’aurait pas à rougir face aux jeux indépendants sortis sur nextgen en 2020.

J’ai volontairement éludé lors de ce test les points mis en avant par les développeurs lors des différentes interviews afin de vous laisser découvrir l’intrigue et comprendre le message délivré par ce jeu.

Doté d’un scénario inédit et imprévisible, il saura vous faire réfléchir sur votre inconscient et la projection de vos fantasmes en tant qu’enfant mais surtout en tant qu’adulte.

Pour conclure, Heart of darkness est donc un chef d’œuvre totalement incompris et j’espère que ce texte vous a donné, vous aussi, l’envie de vous plonger au cœur des ténèbres.

Analyse du scénario. A lire uniquement si vous avez fini le jeu

Si vous avez déjà fini le jeu, vous êtes au bon endroit. Je vais détailler ici mon ressenti sur ce que le soft dégage comme idée, comme analyse du scenario mais surtout de la fin qui apporte énormément de réponses.

Si on occulte totalement les interviews, les publicités de l’époque, comme ce fut mon cas, le premier élément qui nous marque est la peur du noir, de l’obscurité. Il est à noter que la jaquette de HOD correspond au dernier tableau du jeu. Plutôt étonnant qu’un spoil soit affiché de la sorte. La fin, totalement géniale ou la mère d’Andy lui ouvre la porte, nous renvoi à nos plus profonds souvenirs d’enfance.

On retrouve dans Heart of darkness une représentation du mal extrême, très peu visible, à la manière du Dr Mad dans inspecteur gadget. Si on y regarde de plus près, le manteau, la morphologie, la coiffure de son professeur d’école colle parfaitement à l’incarnation du mal. On notera une inspiration de l’univers Disney avec une représentation masculine de « Maléfique » dans la belle au bois dormant…Dormant…étonnant non ?

Ce maitre des ténèbres symbolise le négatif selon Andy. Quoi de plus normal au regard des relations entre un professeur et son cancre d’élève.

Nous retrouvons également la réplique de son antre, le château,  au cours d’un long plan sous le lit d’Andy, lors de la cinématique de fin. 

Nous notons aussi deux éléments importants lors de la cinématique de fin relatif au sbire. Au sol, se trouve une peluche aux mêmes yeux, et aux deux poils sur le caillou et un éléphant rose présent sur le pyjama de notre Héros. Tout semble se rapprocher du monde des songes et de l’extrapolation de sa réalité.

Enfin, dernier point pour conclure, lors du coucher de notre héros, on peut noter la présence d’un poster à la droite de son lit, poster représentant des terres rouges avec le mot « Canyon » faisant penser totalement au premier niveau.

On ressent clairement l’envie des développeurs de nous interroger sur le monde des rêves, enfants et adultes, sur notre manière d’extrapoler notre environnement. En effet, quand nous étions enfants, les personnes ou objets familiers qui nous entouraient prenaient des allures de piège une fois tapi dans l’obscurité totale ce qui est parfaitement retranscrit dans cette œuvre.

Un bijou à tout niveau. Sur ce, je vous laisse, je dois aller mettre les enfants au lit. Faites de beaux rêves…

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3 Commentaires

    • La difficulté est relative. Il est vrai que les premiers tableaux en mode shoot sont très dur et c’est ça qui peut freiner au début. Passé l’habitude et l’apprentissage des patterns, on se sent grisé par l’aventure. Retente le vraiment il mérite clairement sa chance 😉

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